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Tordre le coup aux idées reçues pour définir le réel

Lettre adressée le 02 mai à l’attention de Chantal Pradines

Chantal Pradines – Ingénieur Centrale Paris – Cabinet All(i)ée 03 29 06 78 50 – F 88350 Trampot

Expert auprès du Conseil de l’Europe (Convention Européenne du Paysage)

Chère Madame,

Merci infiniment pour votre réponse qui est placée sous le signe d’une dynamique, rattachée à une vision du réel qu’il est toujours difficile d’appréhender.
Je saurai en tenir compte –
Puis-je formuler une remarque dont la méthodologie a été mis en évidence par un philosophe essayiste connu ?
Si il s’agit de définir et caractériser la situation du patrimoine arboré en France, il conviendrait de se tourner vers, d’une part, les représentants de l’institution qui diffusent et répandent les connaissances et d’autre part vers les opérateurs qui appliquent dans le réel ces connaissances ?
Or, que voyons nous ? Qu’est ce que la réalité nous donne à observer ?

Lorsque l’on se donne la peine de se tourner vers l’institution, on trouve des bureaux d’étude, des cabinets d’experts, des chercheurs, des écrivains, des intervenants, des hommes et des femmes qui s’expriment à l’occasion de quelques événements fédérateurs sous forme de colloques et de biennale et dont le but est de donner au public une doxa savante et surtout réconfortante puisqu’elle s’inscrit dans un corpus de connaissances partagé. Tous les éléments confirment que l’on se trouve dans un environnement intellectuel homogène. La fête bat son plein et le public ressent une vibration convergente vers la confirmation d’un savoir acquis.

Ensuite, chacun d’entre nous repart vers son réel. Que nous raconte le réel du point de vue de la nature arborée ? Il est en effet difficile de croire et de penser que mon réel est identique ou ressemblant à un autre réel, dans une autre région. La réalité des mutilations arboricoles dans ma région est-elle le résultat d’un regard obsessionnel déformé par la pratique de mon métier ou correspond-elle à une réalité objective non contestable ? Comment transformer une réalité ponctuelle mise en évidence par une observation visuelle sans outil d’évaluation formel et lui donner une dimension tangible et objective ?
Il s’agit donc de comprendre que la connaissance acquise dans le cadre d’un parcours personnel et celle transmise, entendue et lue par les canaux de ‘l’institution” ne coïncide pas avec le réel.
Pour quelles raisons la connaissance du monde de la dendrologie ne se superpose pas à ce que le réel nous donne à voir dans la reconnaissance des silhouette des arbres ? Pourquoi les gestionnaires et les opérateurs n’exécutent pas, dans le réel, les recommandations et le savoir transmis par l’institution ? C’est incontestablement le cas dans tous les métiers du monde mais pas dans le notre !!! Il n’est pas possible pour le maçon, le dentiste, le chirurgien, le pilote d’aéronef, le juriste, le plombier, l’assureur de tourner le dos aux connaissances qui justifient leur compétence. Or, pour l’élagueur c’est le contraire !! La réalité économique de l’entreprise d’élagage se construit sur un simulacre et sur le mensonge.
Si nous convenons que la mutilation des arbres est une réalité non contestable, il est logique de comprendre que l’opérateur est rémunéré à la destruction de notre patrimoine. Comment cela peut-il incarner une norme dans notre société ? Comment et pourquoi le gestionnaire s’installe-t-il dans une réalité mensongère et ne tient pas compte de l’existence de la connaissance ? Comment et pourquoi l’opérateur a-t-il le droit de plaider l’ignorance ? Comment et pourquoi le gestionnaire a-t-il le droit de rémunérer l’incompétence ?

Cette situation est préoccupante car elle engendre des complications économiques dans une profession diversifiée dans laquelle il est possible d’affirmer que le vice de l’incompétence condamne le cercle vertueux de la connaissance.
Dans le train de retour vers Paris, nous avons passé deux heures avec Francis Hallé qui nous a accordé, oralement, son parrainage pour la constitution d’une association intitulée “SNParbres” (Société de Protection Nationale des arbres) sur l’idée de la SPA avec comme arrière pensée de faire évoluer l’arbre vers une modification de son statut juridique qui demeure pour le moment un objet du droit.
Faire évoluer juridiquement l’arbre vers un sujet du droit (comme les animaux) donnerait, à l’arbre une identité singulière auprès du public car il serait considéré comme un système vivant – (ce qu’il est par ailleurs)
En outre, Christophe Drénou, a eu la gentillesse de nous transmettre son dernier livre qui concentre un très grand nombre de vulgates sur le monde de l’arbre afin de mieux leur tordre le cou. Il nous accorde, également, son soutien moral et intellectuel.
C’est pour nous une reconnaissance professionnelle fondamentale, car il est toujours facile de tomber dans une démarche boiteuse et infatuée.

Nous avons essayé de louer un stand au congrès qui célèbre le 99 ème rendez vous des maires de France qui se déroule le 01 juin à Paris. Le budget représente un obstacle inaccessible pour notre association. 36000 communes à contacter, l’avenir est prometteur …..

Nous souhaitons initier un mouvement de fond sur le terrain du respect de l’arbre, du respect de notre métier et d’imaginer que nous servons à rendre possible ce qu’il semble être inéluctable, à savoir, l’enlaidissement progressif du paysage et le nanisme grotesque du patrimoine arboré.

J’ai approché le magazine “WE Demain” et d’autres publications pour faire état de cette situation –
Or, mon analyse et ma parole n’illustrent jamais la généalogie de mon curriculum vitae car le caractère autodidacte de mon identité ne m’accorde aucun crédit de crédibilité. Défini comme un colembole économique (tout petit entrepreneur de province) et comme un copépode intellectuel (organisme le plus abondant dans le zooplancton) et présent dans aucun réseau d’influence, mon action et mon discours souffrent “légitimement” d’une “illégitimité”.

Donc, oui, incontestablement oui, je suis intéressé par les photos qui montrent le réel de la mutilation arboricole injustifiée et dont le résultat fait mentir la connaissance.
Donc, oui, je suis concerné par des problématiques qui nous conduisent à nous interroger sur ces contradictions.
Donc, oui, ma curiosité et ma démarche s’inscrivent dans un processus biophile qui a pour but de célébrer le vivant dans un réel qui fabrique du chaos.

Avec toutes excuses anticipées pour la longueur de cette réponse,
Avec toute ma considération, je vous adresse, Chère Madame, mes salutations arboriphiles.

Pierre Lacarrère (Secrétaire Général de SEQUOIA)
Marc DUPLAN ( Président de SNParbres)

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