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Pins mutilés à la MSA de Nice

A l’attention de la Direction,
La MSA est une institution porteuse de valeurs fondamentales pour la préservation des femmes et des hommes exerçant une activité dans le secteur de l’environnement. En outre, la MSA représente un pilier statutaire dans l’organisation de notre société.

L’amélioration des critères qualitatifs dans tous les secteurs professionnels, le souci de la transmission des informations sécuritaires et le contact privilégié avec les assurés constituent vraisemblablement une exigence perfectible dans son administration.
Engagée dans une spirale d’excellence, comment est-il possible qu’une opération d’élagage effectuée sur les arbres du parking illustrent le contraire ?

Quelles sont les conditions qui rendent possibles la réalité des mutilations arboricoles dans notre département et plus particulièrement au siège de la MSA ?
Lorsque le candide regarde les arbres, est-il convaincu du bien fondé de l’intervention de taille ?
L’homme de la rue, le visiteur occasionnel ou le public en général, est-il en mesure de porter un regard enchanteur sur la nature ?

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Que lui inspire le spectacle déshonorant d’un alignement d’arbres inutilement mutilés ?
Est-il envisageable de penser qu’il n’existe pas, au sein de la MSA, une compétence éclairée sur le terrain de la connaissance de l’arboriculture ?

Comment comprendre que cette dégradation arboricole constitue une incohérence à la culture scientifique et à notre engagement professionnel investi dans le souci de placer nos connaissances au service du respect de l’arbre ?

Nous nous interrogeons sur les raisons qui conduisent des opérateurs à effectuer des actes qui ne sont pas conformes avec les normes de l’arboriculture ornementale.

Les médecins du centre médical appliquent dans leur quotidien les connaissances qu’ils ont apprises dans le cadre de leurs études : la pratique se superpose à la connaissance. Pour quelles raisons cette cohérence intellectuelle ne serait-elle pas appliquée dans la gestion du patrimoine arboré ? Pourquoi l’élagueur échapperai-t-il à cette exigence que la société est en droit de réclamer ?
Conscient des enjeux que représentent la connaissance de notre environnement, des causes qui la dégradent et des acteurs qui la préservent, nous sommes professionnellement et personnellement en phase avec ces problématiques. Notre activité en qualité d’arboriste grimpeur et secrétaire général de l’association SEQUOIA (cercle de qualité) ne dissocient pas la connaissances des règles ontogéniques qui gouvernent le développement sain du végétal avec l’exercice de cette connaissance biologique sur le terrain.
L’arboriste grimpeur est un élagueur inscrit dans un processus constant d’acquisition de compétences, respectueux d’une charte de qualité destinée à préserver l’arbre dans notre environnement. Il lutte contre les mutilations arboricoles qui soulignent l’existence des idées reçues et des pensées

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magiques qui sont nombreuses et répandues.
Nous sommes à votre disposition pour vous rencontrer afin de vous proposer de casser la spirale des malentendus, des croyances et des vulgates qui circulent sur l’arbre.
Restant dans l’attente de votre prochaine réponse,
Nous vous prions d’agréer, Madame, Monsieur, l’expression de mes sentiments distingués.

 

Pierre Lacarrère (Secrétaire Général de SEQUOIA)
Marc Duplan ( Président de l’Association Nationale de Défense de l’Arbre)
Adhérents à la SFA (Société Française d’Arboriculture)

L’écho du silence résonne comme un glas funèbre dans les collines de Grasse

Mon nom était Quercus –

Sur la photo je suis mort mais je suis toujours là car ma grande famille est éparpillée sur toute la planète –

Ma très grande famille végétale produit l2016-03-27 16.32.12a moitié de l’oxygène sur terre –
L’autre moitié est produite par mes cousines qui sont restées dans l’océan –
J’appartiens à l’espèce des angiospermes car je confectionne, grâce à une combinaison sexuelle étagée, une fleur et un fruit, pour faciliter ma reproduction infinie. Je suis apparu sur terre au crétacé à l’ère secondaire –

J’ai traversé des risques majeurs d’extinctions planétaires –
J’ai subi des périodes de glaciation, des ouragans de terre, des cataclysmes d’eau, des cyclones volcaniques, des incendies continentaux, des tempêtes de météorites en feu, des ruminants géants jamais rassasiés –

Mon passé est tourmenté – Finalement, la vie est toujours là –

Mes capacités d’adaptation sont exemplaires – J’ai abrité des quantités d’hommes à longs bras dans ma ramure, pendant des millions d’années –
Un jour, ces hommes poilus sont descendus au sol –
Aujourd’hui, ils se nomment « humain » et ils ont perdu leur pilosité –
Bizarrement, ma grande famille végétale partage avec eux un patrimoine cellulaire nommé procaryote et eucaryote –

J’exerce un rôle fondamental dans la vie de tous les jours :

je crée de l’ombrage avec ma grande taille;
je régule la température ambiante avec mon feuillage;

je capture les métaux lourds, la poussière et le gaz carbonique;
je modifie les couloirs du vent; je crée des obstacles naturels;

j’abrite une quantité innombrables d’organismes vivants;
la lumière, la chaleur et l’eau me rendent immortels;

lorsque nous sommes une poignée, nous modifions l’atmosphère locale;
je fabrique un sol fertile avec mes amis « les champignons »;

je renouvelle chaque année mon feuillage;
ma silhouette change de couleur avec les saisons;

je rejette une quantité importante d’eau dans l’atmosphère;
je chauffe les foyers l’hiver et j’abrite les humains dans des maisons conçu avec mes cellules mortes et souvent des amoureux s’embrassent sous mes puissantes branches …..

Je n’ai besoin de personne pour vivre –

Mais toi qui me découvre, peux tu transmettre aux humains la lettre suivante :

« Nous sommes la vitrine des saisons, rappelant ainsi aux citadins, l’existence d’une énergie vitale qui souligne les cycles circadiens de la nature : la coloration des feuilles, l’éclosion des bourgeons, l’épanouissement des fleurs, la constellation des fruits, la diversité des parfums. Ces variations naturelles contribuent à votre équilibre psychique »
«… Nous aimerions rompre la monotonie, la rigidité, l’uniformité de vos paysages urbains. Nous aimerions que l’on puisse nous nommer, platane, chêne, micocoulier, eucalyptus, mimosas … Plus personne ne nous reconnait, nous nous ressemblons tous, réduits à une image triste et désincarnée de candélabre ». 

«… Enfin, nous aimerions que l’on nous respecte, car nous sommes des êtres vivants,dotés de réactions et de pouvoirs mis en évidence par la recherche scientifique et par les biologistes passionnés par notre altérité » 

« … La connaissance que vous avez de mon univers singulier (la dendrologie) doit coïncider avec les usages qui doivent me protéger et non me tuer » – 

« …. Si un pilote d’avion n’applique pas dans la réalité ce qu’il a appris à l’école ou si un chirurgien a la fantaisie de ne pas respecter ce qu’il a appris en faisant n’importe quoi dans le bloc opératoire,que penseriez vous de ces « professionnels » ? 

2016-03-27 16.32.12Quercus mort en avril 2016. 

« Si j’ai su entendre ce que les arbres mutilés de nos villes ont à nous dire, c’est que je les aime car je les découvre tous les jours – N’est-ce pas une définition possible de l’amitié ? – Il y a tant d’études sur le monde végétal qu’il n’est plus possible de plaider l’ignorance » 

Pierre Lacarrère (Arboriste Grimpeur) pierre@lacarrere.eu

Samedi 28 mai 2016 00H20, mon épouse et moi, avons sauvé la vie d’un homme !

« Sauver la vie » est un métier pour les professionnels qui dépendent de l’autorité d’Hippocrate mais pas pour nous –
« Sauver la vie » est un acte banal pour certains, pas pour nous –

Le chemin de terre qui mène chez nous est rural et plein de nid de poule – Il est peu accueillant pour des visiteurs et ne donne pas envie de poursuivre son chemin – Le bas du terrain est réservé à un vaste enclos où nos deux ânes, Chiquita et Pancho et une jument, Amourette, vivent librement. La nuit sans lune n’a pas permis à « Romulus » (le prénom est changé) de s’offrir une « conversation muette » avec des animaux de compagnie.
La camionnette blanche est immobilisée dans un endroit insolite – Naturellement, nous nous arrêtons dernière elle – Nous sortons en même temps de notre voiture – Mon épouse, Alexandra, voit et comprend plus vite que moi, la gravité tragique de la situation. Le moteur du petit camion tourne – Je discerne dans le halo des phares un volume bleuté qui enveloppe la camionnette – L’odeur acide et irritante trahissent la présence de gaz d’échappement en suspension – Un tuyau d’arrosage posé au sol disparait sous la voiture – Il est impossible de deviner sa provenance et sa destination – Je ne réussis pas à décoder instantanément la situation malgré ma sobriété « indiscutable » car je ne bois pas d’alcool. Mon épouse, voit vite, comprend vite et réagit vite – Lorsqu’Alexandra hurle « c’est un suicide », j’arrache le tuyau d’arrosage et le déconnecte du pot d’échappement –
Le cerveau reptilien prend en charge la suite de l’événement : je me jette sur la portière du conducteur – le tuyau est introduit dans la cabine, coincée sur le haut de la vitre du conducteur – les vapeurs toxiques accumulés dans la cabine sont libérées par l’appel d’air – les gaz me traversent – je distingue un corps massif allongé sur la banquette avant – J’agis et je ne parle pas – La tension est maximum – La réflexion est impossible – A ce moment précis, l’anticipation des comportements humains est inenvisageable – Les hypothèses comportementales sont innombrables – Cependant, la méfiance est le sentiment dominant à cet instant – Je m’attends à une réaction contradictoire considérée comme étant la justification du choix suicidaire qui trouve sa force dans la formule : « ne me sauvez pas car j’ai décidé de mourir » – L’animalité ontologique de notre espèce justifie une vision antispéciste du monde –
L’homme est plus surpris que je ne le suis – un son bestial est propulsé avec les gaz d’échappement – le gars est vivant, la cinquantaine établie – Il me dit que je lui ai fait peur !! A ce moment, je ne sais pas qui a le plus peur de l’autre !! Le réel ne se construit pas comme une fiction cinématographique scénarisée. Les représentations héroïques célébrées dans les innombrables productions médiatiques représentent un mensonge – C’est une description naïve et enfantine qui fait mentir le réel – Celui ou celle qui pense le contraire est un enfant ou un niais.

L’homme qui en avait assez de la vie est vivant – Je veux connaitre son prénom – Ce sera la seule la seule question que je lui poserai – Je lui propose de se désaltérer – Je commence à lui parler et je ne m’arrête plus afin de fixer son attention – Je comprends intuitivement qu’il est grotesque de questionner un homme fragilisé – Donc, je parle – Je parle de la nature, de la vérité innombrable de ses habitants, de la nuit, des étoiles, de la paternité, du temps qui nous file entre les doigts, de la misère humaine, de notre indifférence à son égard, de notre inhumanité, de la difficulté de s’adapter dans un monde économique qui n’accepte pas les perdants, de mes difficultés de transformer des connaissances en valeur négociable, du système impitoyable qui broie la dignité humaine, de la vulgarité des élites –

Les pompiers arrivent suivis d’une voiture de la gendarmerie – Des hommes « fonctionnels » prennent la situation en main – – Le réel et sa dimension protocolaire rompent une bulle sensible qui me liait à « Romulus » – Des hommes rompus aux situations traumatiques investissent le réel « orwelien » –
Le tapis roulant des fonctionnalités administratives se déploie.
Les questions commençant par « pourquoi, qui, comment » s’enchainent – Les hommes sont distants, fonctionnels, fatigués, habitués, désabusés, expérimentés et finalement mécanisés.

Notre civilisation construite sur des valeurs matérialistes fabriquent 200.000 tentatives suicidaires par an et obtient un résultat effrayant de 25 suicidés par jour, dans notre pays – L’accident de voiture tue moins de monde en France.

Ils sont venus cherchés un homme brisé – C’était sa deuxième tentative de suicide – Ils repartiront avec un survivant – mais pour combien de temps ?

Pierre Lacarrère (2H10)