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les arbres sous latitude : Vérité au delà des Alpes, abandon de connaissance en decà

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Et si l’élagueur n’était finalement qu’un fossoyeur végétal, qu’un exécuteur biologique sans scrupule, qu’un opérateur clownesque se donnant l’apparence d’un chirurgien de kermesse ?
Comment distinguer dans une population opacifiée, les thuriféraires incarnant le cercle vertueux de la connaissance de ceux qui, soutenus par un outillage bruyant, pratiquent le cercle vicieux mais rémunéré de l’incompétence ?
Aux quels des deux groupes d’invididus peut-on attribuer la désolation arboricole et faire porter la réalité d’un patrimoine arboré mutilé ? Il est facile pour un observateur néophyte de constater le déshonneur de l’arbre sur l’ensemble de nos communes du département. Alors comment comprendre et expliquer cette triste réalité qui nous impose de voir des arbres nanifiés, tronçonnés, mutilés, désaxés, dépouillés de leur feuillage, privés de leur architecture, rabattus et finalement déclinants ?
Je range dans la catégorie des mutileurs et des coupeurs de branches une immense majorité d’opérateurs qui ne « savent pas qu’ils ne savent pas ». C’est l’évidente expression de l’ignorance et de son incarnation dans le réel. Ces ignorants pullulent et sont impossibles à localiser car ils désertent les centres de formation, les structures associatives et les manifestations sportives illustrées par les championnats. L’élagueur invisible représente une nuisance dans le paysage d’une profession non réglementée. Installé dans un biotope relationnel depuis des années et bénéficiant d’un appui informel d’une institution administrative déconnectée du monde vivant, l’élagueur incompétent bénéficie d’un formidable crédit de « fausse compétence » pour réaliser dans les arbres des actions autant inutiles que sacrificielles.
Certaines communes du département sont « ontogéniquement » sinistrées. La commune de Roquefort les Pins est caractéristique d’une situation dans la laquelle domine un paradoxe épistémologique qui rend possible l’exécution de l’ignorance. En effet, la réalité des nombreux arbres mutilés contredit la littérature scientifique et donc fait mentir la connaissance que nous possédons sur les règles complexes qui gouvernent et organisent le développement coloniaire du végétal.
Pourquoi la commune de Roquefort les Pins est caractérisée par « la perte de connaissance » tandis que la commune de « Le Vésinet (78) » célèbre la connaissance du monde de l’arbre ? Au Vésinet, les actions arboricoles sont soumises à une autorisation délivrées par un arboriste de la mairie qui maîtrise le sujet car il privilégie la raison et l’intelligence en harmonie avec son homologue arboriste-grimpeur.
Ajourd’hui, il est vain et puéril de plaider l’ignorance et la perte de connaissance. Il n’est pas justifiable, à la lumière des preuves scientifiques qui sont facilement accessibles, de persévérer dans l’incompétence et dans l’aggravation de la laideur arboricole des paysages. Or, comment cela est-il encore possible dans le sud-est tandis qu’ailleurs la gestion du patrimoine arboré est réalisée dans des conditions où se superposent la connaissance et la pratique ? A partir de quel moment, les élus et les administrés vont-ils prendre conscience de la nécessité de cesser de fabriquer du désastre irréversible sur les arbres d’ornement mais aussi dans les oliveraies ?
Lorsque le pilote d’avion est embauché dans une compagnie, il lui est recommandé d’appliquer dans le réel les connaissances qu’il a apprises au cours de ses formations. Le raisonnement est le même pour le chirurgien, le dentiste, et le maçon. Ces attitudes cognitives rendent service à la société. Comment peut-on imaginer que cette construction intellectuelle ne s’applique pas à la profession de l’élagueur ? Quelle est la logique ou la raison irraisonnée qui conduisent l’opérateur dans les arbres à exécuter des actions qui insultent le savoir ? Un nombre considérable d’idées reçues circulent sur le monde de la dendrologie. « Ceux qui ne savent pas qu’ils ne savent pas » sont responsables d’une situation dans laquelle dominent l’empirisme, l’aléatoire et la laideur. Ils sont nombreux et font du tord à ceux qui savent que les autres ne savent pas.
La profession de l’élagage est une profession réglementée dans le protocole de son usage et de ses équipements. En revanche, le contenu des connaissances demeure un accessoire non sélectif. Les centres de formations jettent en France, tous les ans, environ un millier de jeunes professionnels à qui on offre un droit sans limite de « casser la gueule aux arbres ». Au bout d’un certain temps, cela représente une population importante. Il suffit de lever la tête et de constater les dégâts.
Cette situation ne peut pas durer – La profession a le devoir de s’organiser, notamment au travers de ses structures syndicales et représentatives sur le territoire. Il est justiciable de casser du mobilier urbain mais il est économiquement profitable de ruiner l’architecture d’un arbre – Ce paradoxe rend possible la délinquance arboricole sur nos territoires – C’est possible dans certaines poches régionales en France, notamment dans le sud et dans le basin Grassois, mais c’est impossible ailleurs : Paris, Lyon, Nancy, Versailles, Le Vésinet, Lille, Genève, Montréal, San Francisco et plus généralement en Angleterre, en Allemagne mais aussi en Autriche … – Donc, ailleurs c’est autrement – il est important de constater que les gestionnaires superposent la connaissance et la pratique : on apprend et on agit ensuite. Chez nous, c’est la réalité de la juxtaposition des valeurs qui s’expriment au détriment de sa superposition. Les centaines de photos illustrants ce paradoxe constituent des preuves visuelles non contestables. C’est la célébration vicieuse et irresponsable du détournement des vertus qui justifient cette prédation sans que personne ne manifeste une contestation. « Mutilons les arbres et continuons de payer pour accélérer leur déclin ».
La France est découpée administrativement en 36.000 communes dont 85 % sont composées de moins de 2500 habitants. Il est techniquement impossible pour ces communes de maitriser le sujet et de corréler les demandes d’un public néophyte et les bonnes pratiques réalisées par un élagueur savant. Elles sollicitent donc des élagueurs circonstanciés pour exécuter des demandes insensées dont le résultat est souvent un désastre et rarement un acte réfléchi.
L’équipement destructeur de l’élagueur fabrique la prédation arboricole : le broyeur des végétaux et la tronçonneuse accélèrent considérablement les velléités destructrices de l’opérateur sur le végétal.
Le béotien évalue la capacité professionnelle du prestataire sur la dimension flamboyante du matériel. La capacité professionnelle et l’apparente compétence sont jugées sur la montagne végétale qui repose au sol. Le volume de matière végétale emportée par le matériel constitue la variable d’ajustement pour se faire une idée positive du « gars qui est venu élaguer les arbres »…… Il y a donc un accord parfait entre les idées reçues, les stéréotypes biophiles, la vulgate dominante et la réalité visible du résultat observable. Mais au juste, comment va réagir la cellule végétale ? Sans ramification pour porter le feuillage, que va-t-il se passer dans l’avenir ? Les incidences sur le système racinaire sont ils important ? La réduction des houppiers est -elle considérée comme étant un avantage pour l’arbre ? Peut-on corréler la taille de l’arbre et son potentiel de développement ? Une action qui consiste à supprimer les axes et la surface photosynthétique renforcent-elles l’arbre ? Quelle est la fonction du feuillage dans les propriétés hydrauliques de l’arbre ? Les questions sont relativement peu fréquentes – Cependant, les réponses techniques et scientifiques mériteraient une réponse si elles étaient posées – Le propriétaire des arbres ainsi renseigné serait susceptible de manifester un désaccord singulier s’il obtenait les réponses scientifiquements correctes à ses questions. Mais ce n’est jamais le cas. A titre d’exemple, une action mutilante sur un arbre est pénalisable sur le canton de Genève –
Le tropisme destructeur est rémunéré sur les communes du département des Alpes Maritimes. La démarche raisonnée et la réflexion sont recommandées dans le canton de Genève : vérité au delà des Alpes, tromperie en deçà ……
En outre, dénoncer auprès d’une mairie, des mutilations réalisées sur des arbres d’ornement provoquent des injures, des propos orduriers et des menaces physiques chez nous – Les voyous arboricoles sont appréciés et référencés – les observateurs instruits sont vilipendés et montrés du doigt. Ailleurs, c’est un remerciement – Donc, ailleurs c’est encore et toujours autrement.
Appréhender la matière vivante comme étant l’expression d’un système complexe qui nécessite une observation attentive et un corpus de connaissance pour assimiler ses nuances, représente une attitude qui privilégie l’intelligence et la raison. En revanche, ignorer la biosphère, pratiquer le brulage des végétaux, utiliser des pesticides, mutiler les arbres et sanctionner la végétation de manière systématique constituent, selon moi, l’expression d’un regard désenchanté sur le monde.
L’arbre, considéré comme un étant un thermorégulateur naturel par la totalité du monde scientifique connait sous nos latitudes un funeste et déplorable destin. Il est préférable, pour l’équilibre de notre environnement et la paix de nos consciences de privilégier des opérateurs compétents, inscrits dans un processus récurrent d’acquisition de connaissances plutôt que de pratiquer la courte échelle à des illusionnistes déguisés en grimpeurs, souvent dissimulés derrière une impressionnante armada technologique. Un arboriste qui maitrise le champ de son activité produit peu de rémanent dans le cadre d’une intervention raisonnée sur un arbre – Son homologue comique sera satisfait et encouragé lorsque l’abondante végétation chlorophyllienne peine à rentrer dans son camion. Esthétisme et valorisation de l’arbre dans un cas, destruction et valorisation du mystificateur dans l’autre. La connaissance de l’un, enrichie par les lectures et l’expérience, peine à exister face à l’empirisme et à l’illettrisme de l’autre. Les photos et la réalité ne font pas mentir l’analyse.
Si, le pantin pendu à sa corde était minoritaire et insignifiant il ne mériterait pas notre désapprobation. Malheureusement, le sytème rend possible la matérialité du désastre de l’arbre. Cette réalité est étrange autant qu’insolite. Tourner systématiquement le dos au corpus ne renforce pas la connaissance du public et des élus. Nos sociétés pratiquent la célébration de la matière inerte et pratiquent la culture hors sol. Pour cette raison, l’utilisateur compulsif de la tronçonneuse appartient à une population nombreuse et répandue sur toute la France. Ils sont plus nombreux que nous. Ils connaissent une progression métastatique. La pathologie du savoir réside dans le principe qu’ils croient savoir.
Pour sortir d’une situation dans laquelle l’indigence se dispute à la laideur, il est nécessaire d’identifier les facteurs symptomatologiques d’une spirale du déclin qui affolent les saines entreprises d’élagage. Il est prudent de formuler des propositions issues de tous les acteurs de la profession. Parmi les idées majeures susceptibles de créer une dynamique de renversement, figurent un ensemble d’idées :
1. établir un moratoire national sur les interventions arboricoles
2. s’inspirer des modèles de gestion existant dans les métropoles de Versailles, Lyon, Paris, Lille
3. Adopter la gestion différenciée et la charte de l’arbre comme paradigme dans toutes les communes de France
4. Placer l’Arbre d’ornement au coeur des dispositifs esthétiques des paysages urbains
5. Former le personnel municipal à une connaissance équilibrée et maitrisable de l’arbre
6. créer un label de « maitre arboriste » pour valoriser le monde professionnel de l’élagage
7. Suggérer à chaque municipalité (35.000 communes) d’élire dans la commune, au moins, un arbre remarquable
8. Utiliser ce dispositif électif pour communiquer, avec une population déconnectée, sur les avantages innombrables que représente un arbre dans un biotope – l’arbre comme régulateur de la température urbaine
9. Valoriser les formations existantes, élever le niveau de connaissance, accentuer les formations qualifiantes (le Caducée de l’Arbre, et l’atelier de l’Arbre)
10. Développer les cercles de qualités pour rendre visible auprès du publics bonnes pratiques de l’arbre
11. créer un dispositif fiscal favorisant le passage aux machines électriques afin de diminuer l’anthropophonie (la nuisance sonore des machines humaines)
12. Identification des acteurs de la profession sous la forme d’une licence de compétence ou d’un permis spécifique donnant accès aux arbres
13. Programme de maintien à l’emploi des élagueurs qui savent essentiellement mutiler les arbres et abimer le paysage afin de leur donner l’opportunité de s’inscrire dans un processus d’acquisition de connaissances, permettant, ainsi aux meilleurs de continuer et aux indigents de descendre des arbres
Le métier singulier de l’élagage repose en réalité sur le principe d’une injonction paradoxale.
Celui qui sait et qui comprend le fonctionnement d’un arbre, sait qu’une intervention anthropique constitue un dérangement ontogénique et provoque un chaos architectural.
Celui qui sait et qui comprend l’arbre, saura préserver le végétal en expliquant qu’il est souvent utile de ne rien faire ou si peu ……..
C’est le principe de l’injonction paradoxale : plus je sais que je sais, même si la connaissance est balbutiante dans ce domaine, moins j’interviens dans le système et plus le système durera longtemps. La réalité cognitive de cette injonction paradoxale constitue une impasse économique.
Mais le métier de l’arboriste couvre un périmètre plus vaste que celui qui consiste à raccourcir les branches et à supprimer le houppier d’un arbre. Il inclue la maitrise du protocole de plantation, la connaissance des végétaux, leur association et leur dissociation, l’aménagement spatial, la sélection des taxons, la taille de formation à la plantation, contraindre ou accompagner le développement coloniare du végétal, le métissage des professions déconnectées (voirie, concessionnaire, syndic, espaces communal……)
Sans la volonté affichée et déterminée d’un ensemble d’acteurs de la profession bénéficiant d’un épaulement législatif capable d’agir sur le terrain pour initier un mouvement vers un autre cap, la réalité du patrimoine arboré connaitra des contradictions géographiques significatives. N’est-ce pas déjà le cas dans le sud-est ?
Dans quelle coin du département est-il possible de se soumettre au rituel de la tradition japonaise du « momijigari » qui consiste à adopter une attitude de contemplation du feuillage d’un arbre à l’automne ?

Pierre Lacarrère 12 juillet 2016

Le syndrome du “Silence Bruyant” / Lettre adressée à la mairie de Valbonne

4 eme lettre restée à ce jour sans réponse –

Comment ne pas voir le réel ou les conditions qui le fabrique ! Le syndrome du silence bruyant !!

Dans le cadre d’une mission élective, la grandeur d’un homme et d’une équipe se mesure à la capacité de percevoir les tendances qui caractérisent une époque – Le terme emprunté à la philosophie pour désigner l’ensemble des “états” qui déterminent un moment dans une période, se nomme “l’épistémé”. S’il s’agit de déterminer notre période au travers du kaléidoscope de la gestion de la nature dans le département des Alpes Maritimes, on peut s’étonner des contradictions qu’elle révèle. Du côté de l’institution et de la doxa dominante, on peut lire et écouter des intentions louables en accord avec les principes définis par la COP21et en concordance avec l’esprit du temps. Du côté du monde réel, on peut s’ébaubir par les pratiques qui célèbrent la destruction végétale (élagage nihiliste), l’empoisonnement de l’environnement (écobuage et produits toxiques) et le dénuement des solutions positivistes, qui, pourtant existent ailleurs.

Pourquoi ailleurs, c’est autrement ? Pourquoi d’autres communautés de communes mettent-elles en place un appareillage conceptuel utilisable dans le monde réel ? Pourquoi la gestion différenciée des espaces verts ne représente-t-elle pas une solution empirique fondée sur la raison et l’intelligence ? Pourquoi la “charte de l’arbre”, destinée à anticiper une gestion construite sur la connaissance n’est-elle pas un processus imposé aux opérateurs ?

Pourquoi le gestionnaire abandonne-t-il à son opérateur une liberté d’action qui se traduit par un tropisme d’anéantissement végétal causé essentiellement par une constante ignorance des mécanismes complexes qui gouvernent les arbres ? Pourquoi le cercle vicieux de l’ignorance étouffe-t-il le cercle vertueux de la connaissance ? Combien d’arbres seront mutilés avant une réaction “administrative” incarnée par une lucidité toujours retardée, 50, 300, 500 arbres ? Certaines communes voisines font faire “n’importe quoi, à n’importe qui, n’importe quand”– Est-ce tolérable à défaut d’être observable ?

Pourquoi, trouve-t-on à Versailles, Roubaix, Lyon, Genève, Paris, Chambord des interlocuteurs avertis évoluant dans un environnement intellectuel homogène ? Pourquoi la CASA ne répond pas à la possibilité de prendre et dupliquer ce qui existe ailleurs ?

En espérant vivement que cette fois ci, vous comprendrez qu’il est urgent de considérer ces notions écologiques et savantes comme faisant parti du monde réel palpable et vivant.

Plaider l’ignorance est considéré comme étant une faute grave de la part d’une autorité administrative – Ne pas tenir compte de l’ensemble de ces observations ajoutent l’incompétence à l’ignorance –

Restant dans l’attente du plaisir de m’entretenir avec vous ou avec votre équipe sur ces sujets primordiaux,

Je vous adresse mes salutations courtoises.

Pierre Lacarrère (Secrétaire Général de SEQUOIA)

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Pierre Lacarrère
+33 6 62 28 45 37
pierre@lacarrere.eu


Tordre le coup aux idées reçues pour définir le réel

Lettre adressée le 02 mai à l’attention de Chantal Pradines

Chantal Pradines – Ingénieur Centrale Paris – Cabinet All(i)ée 03 29 06 78 50 – F 88350 Trampot

Expert auprès du Conseil de l’Europe (Convention Européenne du Paysage)

Chère Madame,

Merci infiniment pour votre réponse qui est placée sous le signe d’une dynamique, rattachée à une vision du réel qu’il est toujours difficile d’appréhender.
Je saurai en tenir compte –
Puis-je formuler une remarque dont la méthodologie a été mis en évidence par un philosophe essayiste connu ?
Si il s’agit de définir et caractériser la situation du patrimoine arboré en France, il conviendrait de se tourner vers, d’une part, les représentants de l’institution qui diffusent et répandent les connaissances et d’autre part vers les opérateurs qui appliquent dans le réel ces connaissances ?
Or, que voyons nous ? Qu’est ce que la réalité nous donne à observer ?

Lorsque l’on se donne la peine de se tourner vers l’institution, on trouve des bureaux d’étude, des cabinets d’experts, des chercheurs, des écrivains, des intervenants, des hommes et des femmes qui s’expriment à l’occasion de quelques événements fédérateurs sous forme de colloques et de biennale et dont le but est de donner au public une doxa savante et surtout réconfortante puisqu’elle s’inscrit dans un corpus de connaissances partagé. Tous les éléments confirment que l’on se trouve dans un environnement intellectuel homogène. La fête bat son plein et le public ressent une vibration convergente vers la confirmation d’un savoir acquis.

Ensuite, chacun d’entre nous repart vers son réel. Que nous raconte le réel du point de vue de la nature arborée ? Il est en effet difficile de croire et de penser que mon réel est identique ou ressemblant à un autre réel, dans une autre région. La réalité des mutilations arboricoles dans ma région est-elle le résultat d’un regard obsessionnel déformé par la pratique de mon métier ou correspond-elle à une réalité objective non contestable ? Comment transformer une réalité ponctuelle mise en évidence par une observation visuelle sans outil d’évaluation formel et lui donner une dimension tangible et objective ?
Il s’agit donc de comprendre que la connaissance acquise dans le cadre d’un parcours personnel et celle transmise, entendue et lue par les canaux de ‘l’institution” ne coïncide pas avec le réel.
Pour quelles raisons la connaissance du monde de la dendrologie ne se superpose pas à ce que le réel nous donne à voir dans la reconnaissance des silhouette des arbres ? Pourquoi les gestionnaires et les opérateurs n’exécutent pas, dans le réel, les recommandations et le savoir transmis par l’institution ? C’est incontestablement le cas dans tous les métiers du monde mais pas dans le notre !!! Il n’est pas possible pour le maçon, le dentiste, le chirurgien, le pilote d’aéronef, le juriste, le plombier, l’assureur de tourner le dos aux connaissances qui justifient leur compétence. Or, pour l’élagueur c’est le contraire !! La réalité économique de l’entreprise d’élagage se construit sur un simulacre et sur le mensonge.
Si nous convenons que la mutilation des arbres est une réalité non contestable, il est logique de comprendre que l’opérateur est rémunéré à la destruction de notre patrimoine. Comment cela peut-il incarner une norme dans notre société ? Comment et pourquoi le gestionnaire s’installe-t-il dans une réalité mensongère et ne tient pas compte de l’existence de la connaissance ? Comment et pourquoi l’opérateur a-t-il le droit de plaider l’ignorance ? Comment et pourquoi le gestionnaire a-t-il le droit de rémunérer l’incompétence ?

Cette situation est préoccupante car elle engendre des complications économiques dans une profession diversifiée dans laquelle il est possible d’affirmer que le vice de l’incompétence condamne le cercle vertueux de la connaissance.
Dans le train de retour vers Paris, nous avons passé deux heures avec Francis Hallé qui nous a accordé, oralement, son parrainage pour la constitution d’une association intitulée “SNParbres” (Société de Protection Nationale des arbres) sur l’idée de la SPA avec comme arrière pensée de faire évoluer l’arbre vers une modification de son statut juridique qui demeure pour le moment un objet du droit.
Faire évoluer juridiquement l’arbre vers un sujet du droit (comme les animaux) donnerait, à l’arbre une identité singulière auprès du public car il serait considéré comme un système vivant – (ce qu’il est par ailleurs)
En outre, Christophe Drénou, a eu la gentillesse de nous transmettre son dernier livre qui concentre un très grand nombre de vulgates sur le monde de l’arbre afin de mieux leur tordre le cou. Il nous accorde, également, son soutien moral et intellectuel.
C’est pour nous une reconnaissance professionnelle fondamentale, car il est toujours facile de tomber dans une démarche boiteuse et infatuée.

Nous avons essayé de louer un stand au congrès qui célèbre le 99 ème rendez vous des maires de France qui se déroule le 01 juin à Paris. Le budget représente un obstacle inaccessible pour notre association. 36000 communes à contacter, l’avenir est prometteur …..

Nous souhaitons initier un mouvement de fond sur le terrain du respect de l’arbre, du respect de notre métier et d’imaginer que nous servons à rendre possible ce qu’il semble être inéluctable, à savoir, l’enlaidissement progressif du paysage et le nanisme grotesque du patrimoine arboré.

J’ai approché le magazine “WE Demain” et d’autres publications pour faire état de cette situation –
Or, mon analyse et ma parole n’illustrent jamais la généalogie de mon curriculum vitae car le caractère autodidacte de mon identité ne m’accorde aucun crédit de crédibilité. Défini comme un colembole économique (tout petit entrepreneur de province) et comme un copépode intellectuel (organisme le plus abondant dans le zooplancton) et présent dans aucun réseau d’influence, mon action et mon discours souffrent “légitimement” d’une “illégitimité”.

Donc, oui, incontestablement oui, je suis intéressé par les photos qui montrent le réel de la mutilation arboricole injustifiée et dont le résultat fait mentir la connaissance.
Donc, oui, je suis concerné par des problématiques qui nous conduisent à nous interroger sur ces contradictions.
Donc, oui, ma curiosité et ma démarche s’inscrivent dans un processus biophile qui a pour but de célébrer le vivant dans un réel qui fabrique du chaos.

Avec toutes excuses anticipées pour la longueur de cette réponse,
Avec toute ma considération, je vous adresse, Chère Madame, mes salutations arboriphiles.

Pierre Lacarrère (Secrétaire Général de SEQUOIA)
Marc DUPLAN ( Président de SNParbres)