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Acte 2 / Une matinée consacrée à une formation ? … Non, un risque pour une contagieuse désinformation

Monsieur,

J’ai assisté le mardi 20 avril à neuf heures à une démonstration de taille d’olivier dans l’oliveraie au Moulin d’Opio animée par Monsieur Sébastien le Verge de l’AFIDOL.
J’ai entendu une somme dérangeante d’informations fausses.
Nonobstant, le groupe composé d’une cinquantaine de personnes repartira en conservant à l’esprit des idées reçues, des informations inexactes et des visions du monde de l’arboriculture qui contredisent la culture scientifique.
Pour quelle raison la réalité constatée ferait-elle mentir la connaissance ?

Je laisse à votre appréciation la somme des informations aléatoires qui justifient et expliquent des attitudes d’élagage que nous considérons comme étant l’illustration d’une méconnaissance funeste du principe ontogénique de l’arbre.

Nous nous interrogeons pour connaitre la validité scientifique des informations entendues ce matin, et notamment :

1° « Il faut créer un puits de lumière au centre de l’arbre »
2°« Il faut supprimer le feuillage car l’arbre étouffe »
3° « enlever environ 30 % du feuillage participe au potentiel de développement de l’arbre »
4° « Taillez pour restructurer l’arbre »

A cette liste bréve mais incompléte d’informations surprenantes, il convient d’ajouter les observations personnelles suivantes :

  • Concernant les mutilations qui illustrent les actes de prédation arboricole, j’ai assisté à des enfourchements supprimés, des axes vigoureux annihilés et du feuillage inutilement sacrifié.
  • Les outils de coupe n’étaient pas nettoyés entre chaque passage d’olivier.
  • La justification autant juvénile qu’inutile célébrait à chaque coup de sécateur, « faire de la lumière » comme expression récurrente et indépassable de l’acte.

Que penser d’une matinée placée sous le signe d’une formation consacrée à la taille de l’olivier, lorsque l’animateur évacue de son propos des éléments qui auraient eu l’avantage de faciliter, par ailleurs, la compréhension des règles complexes qui gouvernent les mécanismes ontogéniques de l’arbre, à savoir ?

  • 1° Rien sur le processus de développement hiérarchique des axes.
  • 2° Rien sur les fonctions organiques fondamentales  accomplies par le feuillage.
  • 3° Rien sur le rôle déterminant des chloroplastes comme organe déclencheur du processus hydraulique.
  • 4° Rien sur l’inexistence d’une corrélation entre la taille et la fructification.
  • 5° Rien sur le processus biophile de la photosynthèse.
  • 6° Rien sur la nécessité de comprendre et de respecter son environnement pour donner la chance aux insectes et à leurs prédateurs de jouer un rôle d’équilibre dans le cadre des connaissances acquises sur le terrain de l’entomologie.
  • 7° Rien sur les risques d’utilisation d’un insecticide qui a pour effet d’installer un désert  abiotique sur la zone traitée.
  • 8° Rien sur les substances chimiques ou gazeuses libérées par les actions de taille à une période printanière représentant ainsi, pour un nombre considérable d’insectes, un message d’appel intrusif. (les substances allélochimiques)
  • 9°  Rien sur la feuille de l’olivier qui dispose de deux faces de couleurs différentes assurant ainsi un processus  bifonctionnel.
  • 10° Rien sur la fonction de l’arbre comme étant un système colloniare voué à se reproduire.
  • 11° Rien sur le systèmes racinaire et la zone souterraine nécessitant une gestion biologique de la surface.
  • 12°  Rien sur les cycles circadiens de la nature qui conditionnent  la circulation de l’eau  dans les colonnes du phloème et du xylème.
  • 13° Rien sur l’observation générale de l’arbre lorsque celui-ci est contraint à une réaction épitonne dans le houppier décapité.
  • 14°  Rien sur l’abondance des réitérations traumatiques sur un tronc soumis à l’agressivité des photons de la lumière générant ainsi des échaudures sur l’écorce.

Engagés dans la défense de notre patrimoine arboré et membres adhérents de nos associations SEQUOIA et « comprendre et défendre l’arbre », nous nous interrogeons sur le contenu des formations effectuées sous l’autorité de l’AFIDOL, qui devraient tenir compte de deux contraintes majeures, à savoir :
1) Réintroduire au sein de ces formations matinales un contenu structuré qui ne fait pas mentir la connaissance biologique que nous possédons sur le monde de la dendrologie car, aujourd’hui, il n’est plus possible de plaider l’ignorance.
2) Les idées reçues associées à des informations fausses et à des connaissances aléatoires engendrent auprès du public néophyte des vagues d’incertitude qui justifient et expliquent les actes de délinquances arboricoles que nous voyons s’installer partout.

Pour toutes ces raisons qui nous semblent relever d’une éthique de responsabilité et d’une éthique d’engagement, nous ce cèderons pas sur la nécesité de revendiquer la connaissance et de faire appel aux sollicitations dans un esprit constructif et civique mais jamais polémique.

« Il faut cesser de mutiler les arbres car le désert avance »

Je vous adresse mes salutations cordiales.

Pierre Lacarrère – Secrétaire Général de SEQUOIA
Marc Duplan – Président de « Comprendre et défendre l’arbre »

— Pierre Lacarrère +33 6 62 28 45 37 pierre@lacarrere.eu

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